Car

(confiserie, France)

 

Une sucrerie (sucre de betteraves), créée par un certain Maigre-Rivet, en 1837,à Moussac (Gard), au lieu-dit « l’Habitarelle », fut reprise par Ernest Barre qui, abandonnant bientôt le sucre, lui substitua, à la fin des années 1830, une réglisserie. Suite à une mauvaise gestion, cette fabrique passa sous le contrôle d’une « société de fermage » gérée par Éléazard Bonifas, Isaac Carénou (contremaître d’Ernest Barre) et Ernest Guizot. Mais en 1860, ruiné et écarté du pouvoir décisionnaire, Ernest Barre dut vendre ses biens. La réglisserie fut rachetée par son cousin germain, Adolphe Deleuze. Comme prévu, les fermiers — « Isaac Carénou, Éléazard Bonifas & Cie » — la gérèrent jusqu’en 1866. Cette même année, ils firent construire, à proximité, un atelier des plus modernes où ils mirent leur savoir-faire au service de leur propre production d’articles de confiserie, laquelle connut un rapide et immense succès. En 1873, Isaac Carénou, qui dirigeait l’entreprise seul depuis 1871, s’associa avec son gendre, Georges Tur, cousin de Paul Aubrespy, réglissier à Uzès, ce qui donna la « Société Carénou & Tur », appelée à devenir la première fabrique française de sucs de réglisse. Le lieu s’agrandit considérablement, une  usine-maison de commerce vit le jour à Saragosse (Aragon, Espagne), et des comptoirs de vente furent créés à Cuba, New York, etc. Isaac Carénou mourut en 1892, et Georges Tur, en 1913. À cette dernière date, les lignées Carénou et Tur se dissocièrent. L’usine passa entre les mains d’Élie Carénou, fils d’Isaac, et Auguste Colomb (futur Colomb de Daunant), gendre d’Isaac — la marque Car fut alors déposée. Elle allait demeurer dans la famille jusqu’à son absorption par Ricqlès, en 1962. L’usine de Moussac fut fermée par Haribo en 1989.

 

Parallèlement à cette évolution de « l’Habitarelle neuve », la vieille usine de l’Habitarelle fut, à partir de 1866, gérée par les trois fils d’Alphonse Deleuze, ignorant tout du traitement de la réglisse, sous la raison sociale Deleuze Frères & Cie. C’est, en fait, à Auguste Victor Deleuze qui avait été contremaître, puis avait exercé d’importantes responsabilités du temps des fermiers « Isaac Carénou, Éléazard Bonifas & Cie », que revint la conduite de l’entreprise. Celui-ci innova en matière de production : tout en poursuivant la fabrication traditionnelle de billes, il lança des tablettes de réglisse « de pâte noire ou grise (par addition de gomme de Kordofan), parfumées à la vanille, à la violette et au pippermint, qui seront commercialisées dans des petites boîtes rectangulaires en carton. Presque simultanément des “ sucs de réglisse extra ” présentés sous forme de petits bâtonnets seront vendus dans des boîtes rondes et plates en carton… habituellement fabriquées par les cartonniers de Valréas (Vaucluse) pour les “ grains de vers à soie ” […]. » (Claude Marzeau, Il était une fois la réglisse, 1990.) Mais, si la fabrication s’y poursuivit jusqu’à la fin des années 1880, la mésentente entre les frères et l’absence de modernisation du matériel contraignirent la vieille fabrique à se spécialiser dans le commerce des « bois » et le pastillage, de confection plus simple, puis menèrent à la vente de l’entreprise à  Alphonse Perdrix, réglissier à Uzès.

 

Parmi les produits de la marque Car, les articles à la pièce occupent une place prépondérante, tels que CarensacDominos, Carnaval, Souris, Rubans Billes et Torsades en sachets. Présenté en en sachets, le Carensac est un minuscule cylindre de réglisse souple, dragéifié.

Leonetto Cappiello

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